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L'année du non-retour

3 août 2004

Vers le soleil

Je pourrais passer des heures avec lui, à causer de tout et de rien. Apprendre à le découvrir. Me dévoiler entièrement devant lui.  M'apercevoir que nous nous ressemblons beaucoup. Nous avons la même façon de voir la vie, nous avons les mêmes buts, nous avons même le même rire. Surtout lorsqu'il se moque gentiment de moi.

Nous nous sommes rencontrés, nous avons pu passer deux nuits ensemble, à faire l'amour, mais aussi à discuter, à nous approvoiser. Ses questions étaient directes et sans détours, mes réponses au début étaient évasives, puis une fois la confiance acquise, je lui ai répondu, je lui ai tout dit. J'ai dû le quitter à regret, les yeux pleins d'eau, l'âme toute triste. Il me disait samedi que l'image de moi  qu'il chéri le plus c'est celle du soir de mon départ. Je portais un jean, un boubou, ma tête enturbannée dans un foulard multicolore, les mains tatouées au henné, un sourire tremblant, des larmes sur les joues. Tous deux nous pensions ne plus jamais nous parler, ne plus jamais nous revoir.

Maintenant nous espérons qu'il viendra en octobre. Peut-être que le projet  médicament sera en place, et qu'il pourra repartir les bras bine chargés. Je le souhaite.Peut-être qu'à ce moment-là j'aurai mon appartement  à moi, tout douillet, où je pourrai l'accueillir et le recevoir comme je le veux. Moi qui ne croyais plus trop à l'amour, je crois que j'ai enfin trouvé celui qui m'est destiné.

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29 juillet 2004

Il faut faire des sacrifices

Dji et moi parlons presque tous les jours, parfois seulement pour deux minutes à la fois, mais nous sommes toujours en contact. Il espère venir ici faire une spécialité en médecine, reste à déterminer laquelle et où. Entretemps je continue mes recherches et mes contacts pour l'envoi de médicaments là-bas. Nous voulons éventuellement vivre au Sénégal et travailler ensemble. Je n'ai jamais pensé que je travaillerais un jour en médecine, mais en même temps un travail auprès de malades et des gens qui souffrent me plairait bien, surtout si c'est avec Dji.  Nous sommes tous les deux idéalistes et humanitaires je crois, et voulons tous les deux la même chose: aider les gens qui souffrent.

Il m'a demandé de lui faire parvenir de l'argent, une sorte d'aumône, ou de sacrifice, pour payer des médicaments pour certains de ses malades qui n'ont aucune ressource. D'ailleurs je lui en avais parlé avant, donc ce n'est que nous mettre d'accord là-dessus. Il a promis de m'envoyer un chapelet, je voudrais qu'il le prenne à Touba, cela aura encore plus de sens à mes yeux. Même si je ne connais pas les prières musulmanes, je peux parler à mon Dieu, qui est sûrement le même que celui de Dji. Une prière, un sacrifice, restent une prière et un sacrifice et ont autant de mérite, peu importe la langue dans laquelle on les fait il me semble.

26 juillet 2004

Je veux partir...

Je regardais un DVD de Baaba Maal l'autre soir, et j'avais la nostalgie de Dji. Le Sénégal me manque, Dakar me manque, Dji me manque. Je dois vraiment m'enfoncer dans ce projet qui nous réunira afin de pouvoir le revoir le plus tôt possible. J'ai également pu parler avec Ousmane et son épouse samedi, et cela m'a donné encore plus envie d'y retourner.

Il me semble que la semaine qui vient de s'écouler était tellement remplie que je n'ai pas eu le temps de faire tout ce que je voulais. Mais au moins ça me donne le temps de bien réfléchir et établir les pas à suivre. J'avance tranquillement. Entretemps, il y a Dommie qui part pour le Cameroun et qui voulait de mes conseils et suggestions pour que ça se passe le mieux possible. Je lui ai envoyé une liste de ressources que j'avais glandé sur internet, sites sur la femme qui voyage seule, sur le "tourisme" en Afrique, etc. Ça lui donnera au moins une idée.

20 juillet 2004

Qui choisi qui?

Nous nous sommes rencontrés après ma visite à la Grand Mosquée de Touba. Je suis chrétienne, il est musulman et mouride. C'est son regard intense et un peu taquin, qui m'avait  charmée sur la photo et j'avais insisté qu'on me le présente avant de quitter Dakar et rentrer chez moi.

Hasard, coincidence, coup de foudre, destin, peu importe les mots qu'on utilise pour décrire cette rencontre. Tout ce que je sais c'est que nous avons ressenti une sorte d'appartenance, de re-connaissance même, comme si nous étions faits l'un pour l'autre. On peut parler d'âme soeur, soul-mate, d'atômes crochus, peu importe. Nous nous sommes retrouvés à travers le temps. Nous avons du nous quitter quelques jours plus tard, mais nous ne nous sommes pas vraiment séparés. Nous nous parlons tous les jours ou presque et nous partageons les mêmes espoirs, les mêmes rêves, les mêmes idéaux.

Aida, c'est le nom qu'il m'a donné. Dji, c'est son nom à lui. Au début l'attrait semblait davantage physique, il était exactement le genre d'homme qui m'attirait: grand, élancé, bon danseur, et je savais que je lui plaisais aussi. Lorsqu'il m'a raccompagnée à la maison, vers 4h du mat,et qu'il m'a embrassée, je me suis sentie fondre tout contre lui. Mais il y avait davantage, et lorsque nous avons pu nous revoir et discuter, c'était comme si nous nous connaissions depuis très longtemps. Nous nous sommes découverts des intérêts communs, des aspirations semblables.

Un jour chez moi, je me disais que ce serait bien si je pouvais lui faire parvenir des médicaments pour ses patients. Être médecin dans un pays en voie de développement ce n'est pas toujours facile. Je ne voulais pas lui en parler tout de suite alors que je ne savais pas comment mettre en place ce projet. Quelques semaine plus tard, il me dit:

      "Écoute chérie, j'aimerais que tu vois, si c'est possible, avec des hôpitaux ou des cliniques chez toi, comment on pourrait ici recevoir les médicaments qui approchent leur date de périmation.." Étonnée, je lui dis que justement j'avais eu la même idée et que j'avais entrepris quelques démarches en ce sens. Depuis dix jours, les morceaux du puzzle semblent tomber en place. En parlant de cette idée à une personne, puis une autre, chacun a des idées, des suggestions à me proposer et j'ai même fait un premier contact avec une clinique.

Ce journal me sera un endroit ou je pourrai réfléchir  calmenent à ce projet, le planifier, l'élaborer, le mettre en place et le voir aboutir. Je me dis que si jamais la relation que j'ai avec Dji ne mène pas vers un mariage, qu'elle se terminait en queue de poisson, j'aurai au moins pu aider quelqu'un quelque part. Si des médicaments qui risquent simplement d'être détruits ici peuvent redonner la santé ou la vie à quelqu'un là-bas, cette aventure n'aurait pas été en vain. Et entretemps, c'est agréable de se sentir amoureuse ;)

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L'année du non-retour
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